5 septembre 2009
Belles Lettres - L comme...
LAMARTINE, Alphonse de
LES PAVOTS
Lorsque vient le soir de la vie,
Le printemps attriste le coeur ;
De sa corbeille épanouie
Il s'exhale un parfum moqueur.
De toutes ces fleurs qu'il étale
Dont l'amour ouvre le pétale,
Dont les près éblouissent l'oeil
Hélas ! il suffit que l'on cueille
De quoi parfumer d'une feuille
L'oreiller du lit d'un cercueil.
Cueillez-moi ce pavot sauvage
Qui croît à l'ombre de ces blés ;
On dit qu'il en coule un breuvage
Qui ferme les yeux accablés.
J'ai trop veillé, mon âme est lasse
De ces rêves qu'un rêve chasse.
Que me veux-tu, printemps vermeil ?
Loin de moi ces lis et ces roses !
Que faut-il aux paupières closes ?
La fleur qui garde le sommeil !
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